Au Défaut du Silence 

 

 

Je me suis enfermé dans mon amour, je rêve.

*

Qui de nous deux invente l´autre ?

*

Visage perceur de murailles.

*

Ta chevelure d´oranges dans le vide du monde

Dans le vide des vitres lourdes de silence

Et d`ombre où mes mains nues cherchent tous tes reflets.

La forme de ton cœur est chimérique

Et ton amour ressemble à mon désir perdu.

Ô soupirs d´ambre, rêves, regards.

Mais tu n´as pas toujours été avec moi. Ma mémoire

Est encore obscurcie de t´avoir vue venir

Et partir. Le temps se sert de mots comme l´amour.

*

Elle m´aimait pour m´oublier, elle vivait pour mourir.

*

Dans les plus sombres yeux se ferment les plus clairs.

*

Les lumières dictées à la lumière constante et

pauvre passent avec moi toutes les écluses de la vie. Je

reconnais les femmes à fleur de leurs cheveux, de leur

poitrine et de leurs mains. Elles ont oublié le printemps,

elles pâlissent à perte d´haline.

Et toi, tu te dissimulais comme un épée dans la

déroute, tu t´immobilisais, orgueil, sur le large visage

de quelque déesse méprisante et masquée. Toute

brillante d´amour, tu fascinais l´univers ignorant.

Je t´ai saisie et depuis, ivre de larmes, je baise

partout pour toi l´espace abandonné.

*

Amour, ô mon amour, j´ai fait vœu de te perdre.

*

Grimace, petite fille de naissance.

*

La forme de tes yeux ne m´apprend pas à vivre.

*

Et si je suis à d`autres, souviens-toi.

*

Ta bouche aux lèvres d`or n`est pas en moi pour rire

Et tes mots d`auréole ont un sens si parfait

Que dans mes nuit s´années, de jeunesse et de mort

J`entends vibrer ta voix dans tous les bruits du monde.

Dans cette aube de soie où végète le froid

La luxure en péril regrette le sommeil,

Dans les mains du soleil tous les corps qui s´éveillent

Grelottent à l`idée de retrouver leur cœur.

Souvenirs de bois vert, brouillard où je m`enfonce,

J`ai refermé les yeux sur moi, je suis à toi,

Toute ma vie t´écoute et je ne peux détruire

Les terribles loisirs que ton amour me crée.

*

Pleure, les larmes sont les pétales du cœur.

*

Où es-tu ? Tournes-tu le soleil de l´oubli dans mon cœur ?

*

Donne-toi, que tes mains s´ouvrent comme des yeux.

*

Folle, évadée, tes seins sont à l`avant.

*

A maquiller la démone, elle pâilt.

*

Elle est – mais elle n´est qu´à minuit quand tous les

oiseaux blancs ont refermé leurs ailes sur l´ignorance

des ténèbres, quand la sœur des myriades de perles a

caché ses deux mains dans sa chevelure morte, quand

le triomphateur se plaît à sangloter, las de ses dévotions

à la curiosité, mâle et brillante armure de luxure. Elle

est si douce qu´elle a transformé mon cœur. J´avais

peur des grandes ombres qui tissent les tapis du jeu et

les toilettes, j´avais peur des contorsions du soleil le

soir, des incassables branches qui purifient les fenêtres

de tous les confessionnaux où des femmes endormies

nous attendent.

Ô buste de mémoire, erreur de forme, lignes absentes,

Flamme éteinte dans mes yeux clos, je suis devant

ta grâce comme un enfant dans l´eau, comme un

bouquet dans un grand bois. Nocturne, l´univers se

meut dans ta chaleur et les villes d´hier ont des gestes

de rue plus délicats que l´aubépine, plus saisissants que

l´heure. La terre au loin se brise en sourires immobiles,

le ciel enveloppe la vie : un nouvel astre de l´amour se

lève de partout – fini, il n´y a plus de preuves de la nuit.

 

Paul Éluard, Œuvres complètes, edición de Marcelle Dumas y Lucien Sheler, Bibliothêque de la Pléiade, Gallimard, 1968.

 

RossMcCampbell14

En Ausencia del Silencio 

Encerrado en mi amor, sueño.

*

¿Quién de nosotros inventa al otro?

*

Rostro perforador de murallas.

*

Tu cabellera naranja en el vacío del mundo

En el vacío de cristales pesados de silencio

Y sombra donde mis manos desnudas buscan todos tus

Reflejos.

La forma de tu corazón es quimérica

Y tu amor se parece a mi deseo perdido

Oh! Suspiros de ámbar, sueños, miradas.

Pero no siempre has estado a mi lado. Mi memoria

Aún permanece obscurecida a la vista de tu venida

Y tu partida. El tiempo se sirve de palabras como el amor.

*

Amaba para olvidar, vivía para morir

*

En los ojos más oscuros séllanse los más claros.

*

Las luces dictadas a la luz constante y

pobre pasan conmigo todas las esclusas de la vida.

Reconozco a las mujeres en flor por sus cabellos,

por sus pechos y sus manos. Han olvidado la

primavera, palidecen hasta la extenuación.

Y tú, te disimulas como una espada en la

huida, te inmovilizas, orgullosa, sobre el amplio rostro

de cualquier diosa despreciada y disfrazada.

Brillantes de amor, fascinabas al universo ignorante.

Te tomo y después, ebrio de lágrimas, beso por doquier

por ti el espacio abandonado.

*

Amor, oh amor, me he propuesto perderte.

*

Mueca, niña del nacimiento.

*

La forma de tus ojos no me enseña a vivir.

*

Y si soy de otras – recuérdalo.

*

Tu boca de labios dorados no se posa en mí para reír

Y tus palabras de aureola tienen un sentido tan perfecto

Que en mis noches de años, de juventud y de muerte

Oigo vibrar tu voz en cada rumor nocturno.

En este alba de seda donde vegeta el frío

La lujuria en peligro añora y lamenta el sueño,

En las manos del sol los cuerpos que se elevan

Tremen ante la idea de reencontrar su corazón.

Recuerdos de madera verde, niebla en la que me adentro,

He vuelto a cerrar los ojos, soy tuyo,

Toda la vida oyéndote y no puedo ahora destruir

Los terribles placeres que tu amor ha creado.

*

Lloro; las lágrimas son los pétalos del corazón.

*

¿Dónde estás? ¿Eres tú la que haces girar al sol del olvido

en mi corazón?

*

Entrégate y que como párpados tus manos se descubran.

*

Enajenado, fugitivo, tus senos me hacen de guía.

*

Al maquillar a la demonia, ella palidece.

*

Ella está – pero sólo aparece a media noche cuando todos los

pájaros blancos han plegado sus alas bajo la ignorancia

de las tinieblas, cuando la hermana de miríadas de perlas ha

cerrado sus dos manos en su cabellera muerta, cuando

el triunfador se complace en el sollozo, fatigado de tanta devoción

por la curiosidad, varonil y en la brillante armadura lujosa.

Tan dulce es que ha transformado mi corazón.

Tenía miedo de semejantes sombras tejedoras de tapices

de juego y baño, miedo también ante las contorsiones del

sol al atardecer, de las incansables ramas que purifican

las ventanas de todos los confesionarios donde las mujeres

adormecidas nos esperan.

Oh! busto de memoria, error de la forma, líneas

ausentes, ceniza en mis ojos cerrados, ante

tu gracia estoy como un niño en el agua, como

un ramo en un gran bosque. Nocturno, el universo se pone

a tu calor y ciudades del ayer muestran

gestos en la calle más delicados que un espino, más

penetrantes que el ahora. La tierra a lo lejos se desgarra en sonrisas

inmóviles, el cielo envuelve a la vida: un nuevo astro

se alza en cualquier lugar – fin, ya no hay más

pruebas de la noche.